copyright mamabeille
Poussés hors de nos conditionnements, s'envoler et être prêts à se laisser surprendre.
De proche en proche, prendre le temps de se nourrir des autres en offrant sa contribution,
dans un véritable échange. mamabeille

jeudi 25 juin 2009

Vacances

Nous partons vendredi pour 3 semaines.
2 semaines dans le lubéron puis 1 semaine en Vendée, à la mer, comme l'année dernière.
J'ai encore 1 (voire plusieurs) article à publier demain. Sinon, je vous dis à bientôt.

mercredi 24 juin 2009

Quand un enfant vous offre un de ses plus beaux dessins...

Quand un enfant vous offre un de ses plus beaux dessins,
quand il y a mis tout son coeur et beaucoup d'ardeur,
quand, faisant de son mieux, il y a passé des heures,
Attention ! car dans vos mains vous tenez son destin !

Oubliez que vous êtes une grande personne
qui n'a plus de grands rêves ni d'illusions vaines.
Oubliez le monde des adultes plein de chaînes,
adoptez pour lui une attitude qui soit bonne...

Faites une grande pause avec lui dans son beau monde.
Qu'importe les quelques traits grossiers du beau dessin,
flattez l'âme d'artiste qui prend vie dans ses mains,
encouragez le à se surpasser dans ce monde.

Rassurez le dans son timide élan créatif,
exagérez un peu la joie que vous éprouvez,
montrez lui que vous êtes fier de ce qu'il a fait.
Faites en une star pour quelques temps jouissifs.

Planez avec lui dans les cieux de la création,
essayer de survoler avec lui ses idées,
partager avec lui son besoin de s'exprimer,
ouvrez-lui la porte de sa petite prison.

N'oubliez pas que toute oeuvre d'art, même minime,
est pour son créateur un bel être qu'il enfante.
Petit à petit, après mûres réflexions lentes,
hésitantes, il vous a invité dans son monde intime.

Evitez, adultes, pour son oeuvre trop de distance.
Ne lui brisez pas ses ailes encore fragiles
car son coeur pleurerait une larme indélébile,
car, à son âge, on ne comprend pas l'indifférence.

François Gagol, L'arc-en-ciel du Paradis, www.regardsbleuciel.fr

Quand Kikabeille dessine pour ses papis et mamie...

elle leur raconte toute une histoire !

En février dernier :


En avril dernier à Pâques :

Suivre les chiffres pour lire :



D'autres dessins-récits qu'elle a fait en juin :

- pour nous

dessin très inspiré du pique-nique entre familles non-sco de la veille où Marie-Hélène avait cherché Clémence qui avait suivi Kikabeille et papaillon sans qu'on s'en rende compte. C'était mon cadeau de fête des mères ;-)

pour la fête des pères : elle en a fait plusieurs à la suite mais voulait tous les garder pour elle (j'ai cru qu'on allait y passer la matinée ;-) puis elle a fini par faire celui-ci uniquement pour son papa.

- et pour elle :

Interview d'un parent scolarisant en 2015

Comme, vous l'avez peut-être compris, j'aime bien parfois retourner les choses pour les exposer sous un autre angle et je trouve ce texte très judicieux et très parlant :

Interview trouvée ici : http://nonsco.free.fr/textes.html


2015 : L'instruction à domicile est la norme éducative, homeschooling ou unschooling, après le krach pédagogique de 2010, l'école est en faillite, les enfants scolarisés deviennent minoritaires, une loi autorise encore la scolarisation mais celle-ci est très contrôlée : les parents doivent justifier leur choix et leurs enfants sont examinés tous les ans afin de constater que la scolarisation n'intervient que peu dans la perturbation de leurs rythmes naturels (sommeil, repas, créativité...). Jules Rifé, journaliste de la revue "Vivre et apprendre", a interrogé une mère de famille qui scolarise ses deux enfants de 8 et 13 ans.

- Pourquoi ce choix de l'école ? Qu'est-ce qui un jour vous a poussée à faire ce choix ? Vous auriez très bien pu faire comme tout le monde et pratiquer l'instruction en famille.
- Je n'avais pas spécialement envie de m'occuper de l'instruction de mes enfants, et comme je savais qu'il y avait l'école... Je voulais travailler aussi.

- C'est un mode de garde pour parents qui veulent travailler ?
- Oui, mais pas seulement : l'école assure l'instruction des enfants, elle fait d’une pierre deux coups.

- Et votre mari, qu'en pense-t-il ?
- Nous étions d'accord pour la scolarisation, aucun de nous ne voulait mettre son emploi entre parenthèses et changer notre vie d'avant.

- Est-ce que ça n'a pas été trop dur au départ ? Comment avez-vous, vous et vos enfants, vécu la rupture ?
- Oui, ça a été difficile, Melvin a pleuré pendant un bon mois et demi au moment de ses deux premières rentrées et Fiona, un peu moins, trois semaines seulement. Ils m'en ont fait voir, même à la maison. C'était comme si je les avais abandonnés, ils ne me faisaient plus confiance, ils se sont éloignés de moi aussi. Maintenant, ils se sont habitués, c'est oublié.

- Et les problèmes des adolescents justement, les traumatismes de la petite enfance n'arrangent pas les choses quand même, ne pensez-vous pas que l'école est grandement responsable ?
- C'est vrai qu'il y a beaucoup moins de crises maintenant qu'il y a dix ans, quand la quasi-totalité des enfants allaient à l'école... Melvin entre juste dans l'adolescence, alors je vous dirai ça dans quelques années...

- Le regard des autres, la famille, comment ont-ils réagi ?
- Alors la famille... ma mère m'a regardée avec des yeux ronds quand je lui ai dit que les enfants iraient à l'école, elle n'était pas d'accord bien sûr, elle m'a donné les arguments habituels : le bruit, la promiscuité, l'apprentissage réel très limité, le manque de sommeil, le désir de l'enfant, la perte de la spontanéité... Avec les amis, les collègues de travail, je n'en parle pas vraiment, c'est étrange pour eux, ils ne conçoivent pas ça dans leur vie, qu'on puisse envoyer les enfants à l'école... Je préfère éviter le sujet, je n'aime pas trop les polémiques.

- Et le rythme des enfants justement, vos enfants ont-ils le temps de rattraper le sommeil perdu le week-end ?
- Oui, le week-end, je les laisse dormir jusqu'à 11 h ou midi et ils sont dispos pour repartir le lundi !

- A quelle heure se lèvent-ils les jours de classe ?
- A 7 heures, 7 heures 15, comme nous.

- C'est le rythme d'un adulte qui travaille...
- Oui, mais c'est comme ça si nous, adultes, voulons travailler.

- Comment conciliez-vous rythme de l'école et vie de famille ou vie personnelle ? Vous reste-t-il du temps à passer avec vos enfants ? Combien de fois par semaine ?
- Le rythme de l'école correspond à notre rythme de travail à mon mari et moi-même, alors c'est très bien. Les enfants vont à la garderie le matin à 8 h, ils mangent à la cantine le midi, le soir c'est garderie et étude pour le plus grand, jusqu'à 18 h. Le mercredi, ils vont chez leur ancienne nounou ou restent à la maison, donc, il nous reste le week-end pour être ensemble. Avec la petite, on peut bricoler ou sortir se promener, mais avec le grand... c'est plus difficile, il a ses copains et il n'a pas vraiment envie de faire des choses avec nous.

- Cela fait quand même des journées de dix heures, vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup pour des enfants ?
- Comme ça, ils s'habituent pour le travail plus tard ! (Rires.) Oui, c'est une grande liberté d'action pour chacun aussi, enfin pour nous, on stresse moins et on peut travailler l'esprit tranquille.

- Et l'esprit de compétition, la violence verbale ou physique, le rejet par les autres, comment votre enfant vit-il cela, avez-vous un moyen d'atténuer ces maltraitances ?
- Tout cela existe dans la vie aussi, alors plus vite ils l'apprendront, mieux ce sera pour eux. A la maternelle, ils nous parlaient de leurs problèmes à l'école, qu'Untel les tapait, les disputes avec les copains ou les cris de la maîtresse, mais qu'est-ce que vous voulez... On leur a dit d'être gentils avec les copains et la maîtresse mais nous n'avons pas de solution, ils ont leur vie, nous la nôtre. Maintenant, je suppose qu'il n'y a plus de problème puisqu'ils ne nous disent plus rien... Enfin, je l'espère.

- Justement, ne croyez-vous pas que les enfants en allant à l'école ont une double vie ? Qu'ils portent un masque, un pour la maison, un pour l'école ?
- Sans doute, comme nous tous, je crois que l'école leur apprend à se retenir et à contenir leurs émotions, ça les prépare encore à s'insérer dans cette société, au travail, vous savez, tout le monde sourit à son patron mais n'en pense pas moins...

- Vos enfants vous ont-ils parlé de la promiscuité et du bruit, comment font-ils pour supporter ces désagréments ?
- C'est sûr que 28 ou 29 dans une salle de classe, ça fait beaucoup, même moi, je ne me vois pas travailler avec 28 collègues dans une salle ! Je crois que les enfants ont des capacités à supporter certaines choses que nous adultes ne supporterions pas. Mais ils ne me parlent pas du bruit. Parfois, pouvoir se retrouver un peu seuls, c'est arrivé oui.

- Ont-ils encore un esprit créatif, pas facile quand même de créer sur commande à l'école... non ?
- Heu... qu'est-ce que vous entendez par esprit créatif ?

- Peinture, bricolage, dessins, créer ce qu'ils ont envie...
- Disons, à la maison, ils dessinent, enfin, la plus jeune, mais Melvin est au collège et il n'a plus le temps avec les devoirs et les copains avec qui il chate sur le Net. De la peinture, ils en font à l'école, je crois...

- Et les devoirs, c'est abuser, vous ne croyez pas ? Ils les font avec plaisir ?
- Ah, je reconnais que les devoirs, ce n'est pas tous les jours facile... Melvin a énormément de travail à la maison. Environ 2 heures chaque soir en rentrant du collège. Mais il a pris l'habitude, et puis il sait qu'il ne pourra pas jouer à la Wii 3 le week-end s'il ne fait pas correctement ses devoirs. Avec Fiona, c'est un peu plus facile, elle a 8 ans.

- J'en viens à vous demander... combien d'heures consacrent-ils par semaine à leur scolarité ?
- Voyons... Les jours de classe, c'est environ 7 à 8 heures avec les devoirs, et si on ajoute la cantine et la garderie ou l'étude, on peut rajouter 3 ou 4 heures de plus, donc 10 à 12 heures par jour... Environ entre 40 et 48 heures.

- C'est beaucoup plus qu'un adulte qui travaille >!
- Ils peuvent se reposer le week-end.

- Vous aussi.
- Oui, mais ils récupèrent plus vite que moi ! (Rires)

- Comment gèrent-ils l'ennui à l'école ? On sait bien que les sujets d'étude n'intéressent que peu les élèves.
- Ils ne me disent pas qu'ils s'ennuient à l'école, bon, c'est vrai qu'ils ne me racontent pas leurs journées, alors, c'est un peu leur jardin secret, l'école. A la maison, par contre, ils s'ennuient vite en dehors de la TV pour Fiona ou de la console pour Melvin.

- Et ne sont-ils pas en manque de vrais copains, de relations sainement choisies ? Je ne parle pas des relations artificielles, créées par la force des choses dans la promiscuité scolaire.
- C'est vrai que tous leurs copains ou copines sont dans leur classe, de toute façon, ils n'ont pas le temps ni l'occasion d'en avoir d'autres, alors autant prendre ceux qui sont sur place, je trouve que c'est un bon choix. Ils s'entendent plutôt bien avec eux, je crois.

- Comment se passent les contrôles et quelle est leur fréquence ?
- Pfff, c'est toujours contraignant. L'assistante sociale nous pose des questions sur le pourquoi de notre choix et pour voir aussi s'il n'y a pas carence éducative, si nous respectons les rythmes des enfants, etc. Elle vient tous les deux ans à notre domicile. Puis, chaque année, les enfants sont contrôlés, ils passent des tests de QE, des tests de créativité et des tests de socialisation pour voir s'ils sont à l'aise et capables d'avoir une conversation avec des individus de tous âges et de tous milieux.

- Ah, oui, parce qu'à l'école, ils voient toujours les mêmes personnes : des enfants du même âge et les mêmes adultes.
- Oui, c'est pour ça.

- Et comment est l'ambiance dans ces moments-là ?
- Plutôt tendue. On sent bien que les personnes qui contrôlent sont contre la scolarisation... Une fois que c'est terminé, on est soulagé, même les enfants sont stressés par ces contrôles... Si le contrôle se passe bien, c'est ok, on peut continuer avec l'école.

- Financièrement, votre emploi comble-t-il toutes les dépenses dues à l'école (cantine, garderie, vêtements à la mode, fournitures scolaires, trajets en voiture...) ?
- On arrive à joindre les deux bouts parce que nous travaillons tous les deux mais c'est vrai qu'en plus, nous n'avons pas l'AIF, l'allocation d'instruction en famille. Et nous payons plus d'impôts parce que la scolarité d'un élève coûte cher, environ 10 à 12 000 € par an et par enfant.

- C'est très important, effectivement.
- Oui mais c'est un choix mûrement réfléchi !

- Vous savez quand même que l'école est une institution très polluante, rien qu'à sa consommation de papier, cela ne vous gêne-t-il pas de participer à la dégradation de notre environnement ?
- Nous ne sommes pas à la place des enseignants, c'est à eux qu'il faudrait poser la question. Non, je ne me sens pas responsable de la dégradation de l'environnement. C'est aux professionnels de trouver des solutions aux problèmes qu'ils créent.

- Bon courage dans votre aventure de la scolarisation et merci d'avoir accepté cette interview.
- Merci à vous de consacrer un article à ce sujet qui n'est pas toujours compris...

jeudi 18 juin 2009

L'abeille et le papillon (chanson)

Pon - Henri Salvador - 1952 -

Ecouter un extrait chanté par Paulette Rollin


Une abeille un jour de printemps
Voletait voletait gaiement
Sur la rose bruyère en fleur
Dont si douce est l'odeur

Au pied de la bruyère en fleur
Une pauvre chenille en pleure
Regardait voler dans le ciel
La petite et son miel

Et la pauvre chenille en sanglots
Lui disait "Je vous aime"
Mais l'abeille là-haut, tout là-haut
N'entendait pas un mot

Cependant que les jours passaient
La chenille toujours pleurait
Et l'abeille volait gaiement
Dans le ciel du printemps

Après avoir pleuré jusqu'à la nuit
Notre chenille s'endormit
Mais le soleil de ses rayons
Vint éveiller un papillon

Et sur une bruyère en fleur
Notre abeille a donné son cœur
Tandis que chantaient les grillons,
Au petit papillon

Par les bois, les champs et les jardins
Se frôlant de leurs ailes
Ils butinent la rose et le thym
Dans l'air frais du matin

Ma petite histoire est finie
Elle montre que dans la vie
Quand on est guidé par l'amour,
On triomphe toujours
On triomphe toujours
On triomphe toujours.

dimanche 7 juin 2009

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[...] "Ecoute bien cette histoire extraordinaire qui est la tienne
et décide de ce que tu veux en faire" [...]

Yann Arthus Bertrand

mercredi 3 juin 2009

Bricolages entre amies et réflexions

Jeudi dernier, pour la visite hebdomadaire de Libellule et sa petite famille je me suis retrouvée sans grand chose à offrir pour le goûter. Alors j'ai eu l'idée de faire un gâteau de carotte.

Faute de pommes, contente-toi d'une carotte.
proverbe russe

De fil en aiguille je me suis dit que j'allais chercher à proposer une activité autour de ce légume. Et j'ai consulté internet. Niveau bricolage je n'ai pas trouvé grand chose. Niveau artistique, j'ai trouvé quelque chose d'intéressant mais pas du tout de l'âge des enfants. Je me suis dit qu'on pourrait quand même en faire quelque chose alors j'ai préparé différents éléments.

Pendant que Libellule couchait Pauline pour la sieste, j'ai d'abord présenté à Clémence et Kikabeille ces 3 tableaux trouvés sur le site carotte orange :


et je leur ai demandé ce qu'elles voyaient (formes, couleurs, représentation...)

Puis je leur ai distribué à chacune ces 2 feuilles (photos et dessins récupérés par google images) :

Et je leur ai demandé de faire ce qu'elles voulaient autour de la carotte : s'inspirer des tableaux ou utiliser des collages, de la laine, papiers de couleur (que Kikabeille s'était empressée de trier le matin), crayons etc et faire un dessin.



Kikabeille a tout de suite voulu faire le troisième tableau et a entrepris de découper des lanières dans du papier orange puis s'est très vite lassée et a fait ceci, de sa composition, par dessus :


Clémence a d'abord collé une carotte puis de la laine pour faire les fanes et a très vite voulu se détourner du sujet pour illustrer le conte de Blanche Neige qu'elle venait de découvrir et a donc réalisé ceci (ainsi qu'un autre dessin du conte au crayon de couleur) :

Blanche Neige avec des jambes et des chaussures recouvertes par une robe longue, et une pomme empoisonnée dans la main.



Le 23 janvier dernier j'avais préparé une activité pliage-découpage pour les 2 amies. Cette activité est extraite de ce livre :

Le papillon de Kikabeille est à gauche

C'était la première fois que Kikabeille tournait sa feuille et non ses bras pour suivre le dessin à découper.



Comme d'habitude pour tout ce que l'on fait, je n'ai voulu aider Kikabeille que le moins possible afin qu'elle apprenne en manipulant et pour que ce qu'elle fabrique ou dessine soit bien d'elle et montre ses progressions (je date tout).

Mais pendant longtemps ensuite elle m'a dit qu'elle ne voulait pas garder son papillon, qu'il n'était pas beau, que celui de Clémence était plus beau (comme elle l'avait oublié chez nous, Kikabeille a eu le temps de l'observer).
Libellule avait aidé Clémence plusieurs fois et notamment à plier les ailes. Quant à moi j'avais juste fait remarquer à Kikabeille quand elle pliait dans le mauvais sens ou alors parfois j'avais appuyé d'un doigt sur un pliage moins marqué pour qu'il tienne mieux sans bien marquer le pli, car Kikabeille ne l'avait pas fait. Kikabeille m'a reproché le soir de ne pas l'avoir aidée. Or, comme toujours, je ne fais pas à sa place mais je lui montre d'abord ou je l'aide en parole, je l'encourage, je lui pose des questions pour l'amener à s'interroger sur ce qu'elle fait et trouver les solutions par elle-même. Mais ce jour-là elle n'a sûrement pas perçu ça comme une aide.
Il a fallu ce soir-là que je lui explique que je trouvais son papillon très beau aussi, que j'étais fière de ce qu'elle avait fait, que maintenant elle savait bien découper, qu'elle avait plié moins régulièrement mais que c'était bien fait aussi... mais elle n'a rien voulu entendre, celui de Clémence était plus beau, j'avais mal collé les ailes etc (pourtant à l'endroit exact qu'elle m'avait indiqué après que je lui ai demandé où elle voulait que je les colle)...
Avant même la fin de l'activité elle avait commencé à s'en détacher. Ensuite, elle n'a plus voulu coopérer et n'a pas voulu réessayer de souffler dans une paille pour faire un dessin avec de la gouache liquide (car elle n'avait pas trop réussi la veille sans doute). Clémence, elle, a été contente d'essayer, guidée par sa maman.


J'ai très bien sentie que Kikabeille s'était comparée ce jour-là et j'avais trouvé ça dommage (bien que naturel sans doute) car je cherche justement à ce qu'elle n'entre pas dans l'esprit de compétition qu'on cultive à l'école.

Pour l'activité de la carotte, j'ai pris soin de donner les mêmes éléments aux deux copines mais de leur dire de faire ce qu'elles voulaient, de s'inspirer des tableaux ou pas du tout mais de faire un dessin sur la carotte.
Clémence a demandé à sa maman de l'aider. Du coup, Kikabeille a fait pareil et elle voulait que je fasse à sa place des choses qu'elle sait très bien faire d'ordinaire. J'ai dit non, elle a redemandé, j'ai redit non en lui rappelant que je ne le faisais pas d'habitude et qu'elle savait très bien le faire. Elle n'a pas insisté finissant son dessin toute seule en s'appliquant. Mais elles avaient toutes les deux entrepris quelque chose de complètement différent.
Une preuve de plus à mon avis, qu'il vaut mieux laisser le plus de liberté possible, même autour d'une même activité, à des enfants qui travaillent ensemble. Sinon, la comparaison et peut-être même l'angoisse de faire moins bien ou de ne pas savoir faire quelque chose risque vite d'arriver pour certains. Et, à mon sens, ça n'apporte rien de bon dans un apprentissage, de mettre en position de comparaison ou d'échec (un silence qui n'encourage pas peut y contribuer aussi), ça peut même mener au dégoût au lieu de l'intérêt initial. Peut-être que demander de l'aide à un adulte montre aussi qu'un enfant est en train de sortir de ce qu'il maîtrise ou de ce qu'il a l'habitude de faire et qu'il peut là encore avoir peur de ne pas réussir. Je pense qu'un enfant qui rencontre une difficulté a besoin, bien plus qu'autre chose, de l'encouragement des adultes et de sentir qu'ils ont confiance en lui et en sa capacité à y arriver seul.

Tout ceci me rappelle que l'autre jour Clémence et Kikabeille ont joué à un jeu de memo chez Libellule. Clémence a eu la chance de tomber dès le début du jeu sur 2 cartes identiques. Un peu plus tard elle a demandé à ce que les mamans jouent, Kikabeille a protesté. Libellule a commencé à jouer, Kikabeille a commencé a protester vivement quand ça a été à mon tour en disant qu'elle ne voulait pas que je joue puis ensuite en prenant les cartes que j'avais gagnées en disant que c'était elle qui les avait gagnées. Libellule lui a dit quelque chose qui a commencé par "tu n'es pas chez toi" et qui s'est terminé par "et si je disais que toi tu n'avais pas le droit de jouer". Un peu plus tard Kikabeille a jeté ses cartes sur le jeu et j'ai dû intervenir pour la calmer en l'éloignant.
Après coup, je pense qu'il y avait encore là quelque chose de l'ordre de la comparaison et de la confiance en elle qui se jouait, qu'elle ne voulait pas qu'on intervienne, nous les mamans, dans leur jeu car on était à ses yeux plus fortes que Clémence et elle, et elle n'allait pas y arriver. Mais elle n'a pas réussi à faire comprendre ça autrement qu'en s'énervant parce qu'on n'avait pas écouté son refus que nous participions au jeu, et n'avait pas les mots pour le dire.
J'ai remarqué que ce genre de comportement ne se passait que lorsqu'on se retrouve chaque semaine et qu' à chaque fois que Kikabeille boude, s'énerve ou se braque il y a une question de règle du jeu ou de comportement qui changent et qui ne lui conviennent plus. Et si c'était juste parce que certaines choses lui font perdre ses repères et qu'elle ne se sent plus assez en sécurité pour continuer, au point que ça explose ? Ou même pas assez écoutée dans sa singularité ?

Il va falloir que je creuse cette question car je vois d'ici venir des détracteurs qui me diraient que Kikabeille serait mieux à l'école, qu'elle serait bien obligée de se faire à la comparaison, d'apprendre à vivre avec les autres etc etc.
Moi ce que je vois c'est qu'elle a visiblement encore plus besoin de ne pas y aller pour pouvoir cultiver sa confiance en elle, qu'il n'est pas question ici d'apprendre à vivre avec les autres, c'est autre chose. Il s'agit bien plus d'apprendre à percevoir que tout le monde n'évolue pas au même rythme, qu'elle aussi sait faire des choses que d'autres n'arrivent pas encore à faire, que tout le monde n'a pas le même comportement face à une même difficulté et qu'en plus il peut changer et, bien sûr, qu'il ne faut pas s'énerver mais apprendre à mettre des mots sur ce que l'on ressent pour que les autres puissent ensuite nous comprendre. En un mot il faut d'abord apprendre à se connaître et à s'aimer tel qu'on est avant de pouvoir vivre avec les autres en respectant leurs différences tout en assumant les siennes. Que des choses encore bien difficiles à comprendre à cet âge.

Et bien ça m'a emmené loin cette histoire d'activités à plusieurs !

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