« Pour ce qui est de l'existence physique, il y a énormément de connaissances disponibles, et elles ne cessent de s'accroître. Il est essentiel d'avoir de telles connaissances et de les utiliser au bénéfice de l'homme. Mais n'y a-t-il pas une autre espèce de savoir qui, au niveau psychologique, devient un obstacle à la découverte de ce qui est vrai ? Le savoir est après tout une forme de tradition, n'est-ce pas ? Et la tradition consiste à cultiver la mémoire. La tradition est essentielle dans les choses d'ordre mécanique, mais quand on l'utilise comme moyen de guider l'homme sur le plan intérieur, elle devient un obstacle à la découverte de choses bien plus grandes.
[...]
L'éducation a pour rôle de donner à l'étudiant des connaissances à profusion dans les divers domaines où l'humanité déploie ses efforts mais elle doit en même temps libérer son esprit de toute tradition, afin qu'il soit en mesure d'enquêter, de s'enquérir, de découvrir. Faute de quoi l'esprit devient mécanique, accablé par l'engrenage du savoir. S'il ne se libère pas en permanence des accumulations liées à la tradition, l'esprit est incapable de découvrir le suprême, cette chose éternelle. Mais il doit évidemment acquérir des connaissances et une information toujours plus larges afin d'être à même de prendre en charge tout ce dont l'homme a besoin et qu'il doit produire.
Le savoir, qui consiste à cultiver la mémoire, est utile et nécessaire à un certain niveau, mais il devient un obstacle à un autre niveau. Bien faire la distinction - en voyant où le savoir est destructeur et doit être écarté, et où il est essentiel et doit pouvoir fonctionner avec le minimum d'entraves - est le commencement de l'intelligence.
Mais à l'époque actuelle qu'arrive-t-il à l'éducation ? On vous dispense diverses formes de savoir, n'est-ce pas ? Lorsque vous irez à l'université, vous deviendrez peut-être ingénieurs, médecin, avocat, vous pourrez avoir une licence en mathématiques ou dans une autre branche du savoir, ou suivre des cours d'économie familiale et apprendre à tenir une maison, à cuisiner, etc. Mais personne ne vous aide à vous libérer de toutes les traditions afin que dès le départ votre cerveau soit frais, enthousiaste et donc, capable de faire en permanence des découvertes inédites. Les philosophies, les théories et les croyances acquises par vous dans des livres, et qui deviennent votre tradition, sont vraiment pour l'esprit des entraves, car il les utilise comme moyen d'assurer sa propre sécurité psychologique, et il est par conséquent conditionné par elles. Il est donc indispensable à la fois de libérer l'esprit de toute tradition et de cultiver les connaissances, la technique : telle est la fonction de l'éducation.
La difficulté est de libérer l'esprit du connu afin qu'il puisse découvrir en permanence ce qui est inédit.
[...]
Vous bachotez pour réussir aux examens, vous amassez beaucoup d'informations que vous mettez par écrit pour avoir un diplôme, dans l'espoir de trouver un emploi et de vous marier : cela suffit-il ? Vous avez acquis un savoir, une technique, mais votre esprit n'est pas libre, vous devenez donc esclave du système en vigueur - ce qui signifie que vous n'êtes pas un être humain créatif. Certes, vous pouvez avoir des enfants, peindre quelques tableaux, ou écrire de temps à autre un poème, mais ce n'est assurément pas cela la créativité. Le premier impératif, c'est la liberté d'esprit, et ensuite la technique peut être mise à contribution pour permettre à cette créativité de s'exprimer. Mais la maîtrise technique n'a aucun sens sans cette liberté d'esprit, sans cette extraordinaire créativité qui va de pair avec la découverte de ce qui est vrai. Malheureusement, pour la plupart d'entre nous, cette créativité reste lettre morte, car nous avons encombré notre esprit de connaissances, de traditions, de souvenirs, et des discours tenus par Shankara, Bouddha, Marx ou d'autres encore. Si par contre votre esprit est libre de découvrir ce qui est vrai, vous verrez surgir une abondante et incorruptible richesse, source d'immense joie. Alors toutes nos relations - avec les êtres, les idées et les choses - prennent une tout autre signification. »
[...]
L'éducation a pour rôle de donner à l'étudiant des connaissances à profusion dans les divers domaines où l'humanité déploie ses efforts mais elle doit en même temps libérer son esprit de toute tradition, afin qu'il soit en mesure d'enquêter, de s'enquérir, de découvrir. Faute de quoi l'esprit devient mécanique, accablé par l'engrenage du savoir. S'il ne se libère pas en permanence des accumulations liées à la tradition, l'esprit est incapable de découvrir le suprême, cette chose éternelle. Mais il doit évidemment acquérir des connaissances et une information toujours plus larges afin d'être à même de prendre en charge tout ce dont l'homme a besoin et qu'il doit produire.
Le savoir, qui consiste à cultiver la mémoire, est utile et nécessaire à un certain niveau, mais il devient un obstacle à un autre niveau. Bien faire la distinction - en voyant où le savoir est destructeur et doit être écarté, et où il est essentiel et doit pouvoir fonctionner avec le minimum d'entraves - est le commencement de l'intelligence.
Mais à l'époque actuelle qu'arrive-t-il à l'éducation ? On vous dispense diverses formes de savoir, n'est-ce pas ? Lorsque vous irez à l'université, vous deviendrez peut-être ingénieurs, médecin, avocat, vous pourrez avoir une licence en mathématiques ou dans une autre branche du savoir, ou suivre des cours d'économie familiale et apprendre à tenir une maison, à cuisiner, etc. Mais personne ne vous aide à vous libérer de toutes les traditions afin que dès le départ votre cerveau soit frais, enthousiaste et donc, capable de faire en permanence des découvertes inédites. Les philosophies, les théories et les croyances acquises par vous dans des livres, et qui deviennent votre tradition, sont vraiment pour l'esprit des entraves, car il les utilise comme moyen d'assurer sa propre sécurité psychologique, et il est par conséquent conditionné par elles. Il est donc indispensable à la fois de libérer l'esprit de toute tradition et de cultiver les connaissances, la technique : telle est la fonction de l'éducation.
La difficulté est de libérer l'esprit du connu afin qu'il puisse découvrir en permanence ce qui est inédit.
[...]
Vous bachotez pour réussir aux examens, vous amassez beaucoup d'informations que vous mettez par écrit pour avoir un diplôme, dans l'espoir de trouver un emploi et de vous marier : cela suffit-il ? Vous avez acquis un savoir, une technique, mais votre esprit n'est pas libre, vous devenez donc esclave du système en vigueur - ce qui signifie que vous n'êtes pas un être humain créatif. Certes, vous pouvez avoir des enfants, peindre quelques tableaux, ou écrire de temps à autre un poème, mais ce n'est assurément pas cela la créativité. Le premier impératif, c'est la liberté d'esprit, et ensuite la technique peut être mise à contribution pour permettre à cette créativité de s'exprimer. Mais la maîtrise technique n'a aucun sens sans cette liberté d'esprit, sans cette extraordinaire créativité qui va de pair avec la découverte de ce qui est vrai. Malheureusement, pour la plupart d'entre nous, cette créativité reste lettre morte, car nous avons encombré notre esprit de connaissances, de traditions, de souvenirs, et des discours tenus par Shankara, Bouddha, Marx ou d'autres encore. Si par contre votre esprit est libre de découvrir ce qui est vrai, vous verrez surgir une abondante et incorruptible richesse, source d'immense joie. Alors toutes nos relations - avec les êtres, les idées et les choses - prennent une tout autre signification. »
Extrait de "Le sens du bonheur" de Krishnamurti (1895-1986) grand philosophe et sage indien chez Stock, 2006